Commerce extérieur: Mesures déconnectées de la réalité de l’urgence actuelle

Face aux tensions géopolitiques croissantes, notamment en lien avec la guerre en cours au Moyen-Orient, l’Algérie ajuste ses dispositifs de régulation du commerce extérieur. Deux mesures illustrent cette volonté d’encadrement : le ralentissement des dates de valeur appliquées aux paiements des importations par la Banque d’Algérie, et la collecte renforcée de documents justificatifs exigée par le ministère du Commerce Extérieur.
Que sont les « dates de valeur » ?
Dans le domaine bancaire, la date de valeur correspond à la date à partir de laquelle une opération (comme un virement ou un paiement à l’étranger) commence à produire ses effets financiers. Autrement dit, c’est la date à laquelle la banque considère que les fonds sont effectivement débités ou crédités, indépendamment de la date à laquelle l’opération a été initiée.
En matière d’importation, un ralentissement des dates de valeur signifie que les paiements internationaux, notamment ceux destinés à régler les fournisseurs étrangers, sont traités avec un décalage volontaire. Cela permet aux autorités monétaires de freiner temporairement la sortie de devises du pays, dans le but de protéger les réserves de change et d’équilibrer la balance des paiements.
Une mesure traditionnelle, mais contestée
Chaque année, durant le premier semestre, la Banque d’Algérie applique cette mesure dans un objectif de prudence financière. Toutefois, dans le contexte actuel marqué par une hausse vertigineuse des prix de l’énergie, des coûts du transport international et une instabilité régionale persistante, cette pratique peut s’avérer contre-productive.
L’Algérie, qui importe l’essentiel de ses matières premières industrielles, agricoles et pharmaceutiques, est particulièrement exposée aux risques de ruptures d’approvisionnement. Ces tensions pourraient entraîner une inflation généralisée sur les produits de première nécessité, affectant le pouvoir d’achat des ménages et la stabilité sociale.
L’enjeu : sécuriser les stocks stratégiques
Dans cette optique, plusieurs économistes plaident pour une révision ciblée de la politique monétaire, en assouplissant temporairement les délais bancaires pour les importateurs de matières premières. Cette mesure permettrait aux opérateurs économiques de constituer des stocks stratégiques, en prévision d’un éventuel durcissement de la conjoncture internationale.
Un encadrement administratif renforcé
Parallèlement, le ministère du Commerce Extérieur a lancé une opération de suivi documentaire auprès des entreprises ayant importé des biens en 2024 et durant le premier semestre 2025. L’objectif est de contrôler l’usage réel des opérations d’importation, qu’il s’agisse de biens destinés au FONCTIONNEMENT ou à l’EQUIPEMENT des entreprises.
Les documents demandés, à transmettre avant le 31 juillet 2025 par e-mail (fonctionnement@mcepe.gov.dz), comprennent: le bilan fiscal 2024, visé par l’administration des impôts; les déclarations douanières (D10); les déclarations mensuelles de chiffre d’affaires (G50); la liste des clients (État 104), les factures d’énergie, les journaux auxiliaires relatifs aux stocks et investissements; ainsi que les pièces justificatives liées aux cotisations sociales (CNAS et CASNOS); enfin, une fiche technique de capacité de production, validée par un commissaire aux comptes.
Un équilibre à trouver entre contrôle et flexibilité
L’État cherche à encadrer les flux commerciaux pour éviter les abus et préserver ses équilibres macroéconomiques. Mais dans un environnement mondial instable, cette approche doit être accompagnée de mesures de souplesse, afin de ne pas fragiliser les chaînes de production nationales.
La résilience économique de l’Algérie dépendra de sa capacité à trouver le juste équilibre entre rigueur administrative et agilité stratégique. Le commerce extérieur, dans un monde fragmenté, exige non seulement des règles, mais aussi des marges de manœuvre.
Dans un contexte marqué par une crise géopolitique majeure et une flambée des coûts logistiques mondiaux, les instructions du ministre du Commerce extérieur visant à renforcer le contrôle administratif, combinées au ralentissement volontaire des transactions bancaires pour les importations, risquent d’avoir des conséquences économiques graves.
Ces mesures, déconnectées de la réalité de l’urgence actuelle, freinent l’approvisionnement en matières premières essentielles et aggravent les risques d’inflation et de pénurie.
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