Dans l’ombre du pouvoir: Les hommes de confiance de Sissi, Ben Salmane et Tebboune

Dans les régimes arabes, le pouvoir ne se limite pas aux figures visibles des présidents ou des monarques. Il s’appuie sur un cercle restreint de personnalités discrètes, mais essentielles au fonctionnement des appareils d’État.

Souvent très peut connus du grand public, ces hommes de confiance occupent des fonctions clés dans les sphères du renseignement, de la sécurité, de la communication ou de la coordination présidentielle.

À travers trois exemples emblématiques, Abbas Kamel en Égypte, Badr al-Asaker en Arabie saoudite, et Boualem Boualem en Algérie, focus sur ces figures de l’ombre dont l’influence dépasse parfois celle des ministres.

Égypte : Abbas Kamel, gardien des secrets du pouvoir

Fidèle parmi les fidèles du président Abdel Fattah al-Sissi, Abbas Kamel incarne la continuité sécuritaire du régime égyptien. Ancien chef de cabinet d’al-Sissi lorsqu’il dirigeait le renseignement militaire, il l’a suivi à la présidence en 2014 pour occuper le poste stratégique de directeur du cabinet présidentiel.

En 2018, sa nomination à la tête du très influent Service général de renseignement (Mukhabarat) consacre sa place centrale dans l’architecture du pouvoir. De la gestion des dossiers régionaux sensibles (Libye, Hamas, Éthiopie) à la surveillance de la scène médiatique nationale, Kamel est au cœur de toutes les décisions majeures. Discret, mais redoutablement efficace, il reste l’un des principaux artisans de la stabilité du régime.

Arabie saoudite : Badr al-Asaker, stratège de l’image royale

Dans l’entourage direct du prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS), Badr al-Asaker joue un rôle de premier plan. Directeur de son bureau privé et président de la Fondation Misk, il est chargé de façonner l’image réformiste du royaume à l’international tout en maîtrisant étroitement les canaux de communication du pouvoir.

Actif sur les réseaux sociaux et influent dans les cercles diplomatiques, il gère l’agenda du prince, filtre les accès à la cour royale et coordonne les opérations d’influence. Depuis la purge de 2017, il symbolise la nouvelle génération des gestionnaires royaux : loyaux, modernes et insaisissables.

Algérie : Boualem Boualem, l’architecte silencieux d’El Mouradia

En Algérie, Boualem Boualem est l’un des hommes les plus influents du dispositif présidentiel, tout en restant en retrait de la scène médiatique. Conseiller juridique du président Abdelmadjid Tebboune depuis 2020, il est nommé directeur de cabinet en 2024, position qui renforce son rôle de coordonnateur de la présidence.

Ancien magistrat à la Cour suprême, expert en droit numérique et pénal, il supervise, avec une efficacité redoutable, les grandes réformes, veille à l’application des décisions présidentielles et pilote les relations avec les ministères. Sa discrétion et sa rigueur en font un acteur central de la gouvernance algérienne.

Loyauté, discrétion et pouvoir réel

Qu’ils s’appellent Abbas Kamel, Badr al-Asaker, Boualem Boualem, aucun n’est élu, mais tous exercent une influence déterminante.

Leur pouvoir repose sur la confiance personnelle que leur accorde le chef de l’État, dans des systèmes où la loyauté prime souvent sur la visibilité publique. Ces hommes de l’ombre, stratèges silencieux, sont les véritables garants de la continuité et de la stabilité dans des États où le pouvoir se construit loin des projecteurs.