Kaïs Saïed, affaibli par une crise des médicaments qui mine la Tunisie

Le président tunisien Kaïs Saïed est arrivé aujourd’hui à Alger pour participer à un important événement africain organisé par l’Algérie. À sa descente d’avion, accueilli par Abdelmadjid Tebboune, il est apparu visiblement éprouvé. Une image qui, comme l’ont relevé nos observateurs reflète, aux yeux de beaucoup, une Tunisie accablé par des crises successives.
Si le pays traverse des difficultés multiples, financières, sociales et politiques, la plus dangereuse pour la stabilité de son système demeure aujourd’hui la crise du médicament. Celle-ci ne se limite pas à une question sanitaire: elle menace la cohésion nationale, fragilise la confiance citoyenne et met en péril le droit fondamental à la santé.
La mort de jeunes patients atteints de cancer, faute d’accès aux traitements, illustre la profondeur de la crise sanitaire en Tunisie. Hussein Aboudi, étudiant en ingénierie, avait supplié la Caisse nationale d’assurance-maladie d’accélérer l’autorisation de sa chimiothérapie. Il est décédé avant d’obtenir une réponse. Son nom figure toujours sur la liste d’attente.

Son cas a bouleversé l’opinion publique, d’autant que son père a révélé avoir mené, pendant plus de six mois, un combat administratif infructueux pour obtenir son traitement. Le drame est intervenu moins de 24 heures après la mort d’un autre jeune ingénieur, Houssem Harbaoui, décédé lui aussi après plus de deux mois sans traitement. Dans un témoignage enregistré peu avant sa mort, Harbaoui avait dénoncé le rejet de sa demande d’accès au médicament, indisponible dans les pharmacies et uniquement délivré par l’État.
Ces deux décès successifs en l’espace de deux jours ont ravivé la colère et ramené sur le devant de la scène la question du droit constitutionnel à la santé et à l’accès aux médicaments vitaux.
Le ministère de la Santé reconnaît un manque «conjoncturel» mais défend des mesures techniques (plateforme d’alerte, rationalisation des prescriptions, transparence des stocks). Des réponses jugées limitées par les syndicats de pharmaciens, qui pointent surtout la crise structurelle des caisses sociales, incapables d’assurer à la Pharmacie centrale les liquidités nécessaires pour importer des médicaments vitaux.
Les chiffres sont alarmants: le coût des importations est passé de 30 millions de dinars en 2021 à 300 millions en 2024. Les cancers, en constante augmentation (plus de 18 700 nouveaux cas en 2023), accentuent la pression. Les associations de défense des droits sociaux dénoncent des «solutions de rafistolage» qui prolongent la crise et privent les citoyens de leur droit constitutionnel à la santé.
L’absence de médicaments essentiels transfère la charge financière vers les familles, creusant les inégalités. Les plus modestes sont condamnés à attendre ou à renoncer aux soins. Cette spirale mine la confiance envers l’État et nourrit la colère sociale.
En résumé, la crise du médicament en Tunisie dépasse le cadre sanitaire: elle révèle l’effondrement d’un service public vital et l’urgence de réformes profondes du financement de la protection sociale et de la gouvernance de la santé.
Dossier
Cevital : la guerre de succession divise la famille Rebrab
Alger –Depuis la mise à l’écart d’Issad Rebrab, fondateur charismatique du groupe, une nouvelle génération s’installe aux commandes de Cevital.…
Cevital célèbre la famille pour rassurer sur l’avenir
C’est dans cet esprit que s’est tenu le « Family Day » organisé par le groupe Cevital à travers plusieurs de ses…






