L’équation inachevée de la substitution aux importations : le cas IRIS et la pénurie de pneus

La politique algérienne de substitution aux importations repose sur une règle simple : interdire l’importation pour encourager la production locale et couvrir les besoins du marché national. Plusieurs entreprises ont bénéficié d’avantages considérables dans ce cadre. Mais sur le terrain, la promesse de l’autosuffisance reste loin d’être tenue.
Le secteur des pneumatiques illustre parfaitement ce paradoxe. Malgré les facilités accordées aux producteurs nationaux, le marché connaît une pénurie persistante. Les automobilistes peinent à trouver des pneus neufs, et lorsqu’ils en trouvent, les prix atteignent des niveaux inaccessibles pour beaucoup. « Wallah ya khouti, ma andich bach nchrih », témoigne un conducteur désabusé, contraint de rouler avec des pneus usés faute d’alternative.
Dans un enregistrement largement diffusé, on voit un représentant d’IRIS se vanter devant le président de la République des performances de l’entreprise en matière d’exportation. Abdelmadjid Tebboune l’interrompt alors pour rappeler fermement la règle du jeu : priorité absolue au marché local, avant toute ambition extérieure. Il critique ouvertement le fait que l’entreprise se soit lancée dans l’exportation alors qu’elle n’alimente le marché national qu’avec à peine deux millions de pneus par an, alors que les besoins réels du parc automobile algérien s’élèvent à près de dix millions d’unités.
La contradiction est flagrante : comment autoriser des exportations quand le marché algérien n’est pas encore approvisionné de manière satisfaisante ? C’est la question que nous avons posée à Djamel Guidoum, président du groupe. À ce jour, aucune réponse officielle n’a été donnée, bien que la cellule de communication ait indiqué que M. Guidoum acceptait de nous rencontrer, sans toutefois apparaître ni en image ni en voix.
Plusieurs experts, enfin, relient directement cette défaillance à des drames routiers. L’accident de l’autocar tombé dans l’oued El-Harrach aurait été aggravé par l’usure avancée des pneus, soulignant une responsabilité indirecte du manque d’approvisionnement et du non-respect des engagements industriels.
La question demeure entière: la stratégie de protection des producteurs nationaux, censée renforcer la souveraineté économique, ne risque-t-elle pas, à défaut d’application rigoureuse, de mettre en danger la sécurité des citoyens?
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