MBS et la stratégie du chaos : pousser l’Égypte vers l’implosion
Il est des rumeurs qui ne surgissent pas par hasard. Celle selon laquelle les dépôts arabes dans les banques égyptiennes seraient gelés et irrécupérables n’est pas une simple « fuite » économique. Elle porte la marque d’une opération de manipulation calculée.

Les crises économiques ne sont jamais neutres. Elles révèlent des lignes de fracture, des stratégies cachées, et parfois des calculs inavoués. Aujourd’hui, ce sont les relations triangulaires entre l’Arabie saoudite, la Chine et l’Égypte qui dessinent une dynamique dangereuse: en affaiblissant Le Caire, Riyad favorise une pénétration chinoise non maîtrisée, et ce basculement menace d’éclater en confrontation avec l’institution militaire, fragilisant durablement le régime de Sissi.
En alimentant la panique financière et en déstabilisant l’économie égyptienne, on force Le Caire à chercher des soutiens rapides et massifs. La Chine, prête à répondre par des investissements et des projets clés (zones industrielles, infrastructures portuaires, énergie). Ce boom chinois n’est pas neutre: il s’installe aux dépens des réseaux économiques domestiques, dont l’un des piliers est l’institution militaire égyptienne, détentrice d’une part considérable de l’économie réelle. La cohabitation entre consortiums chinois puissants et intérêts militaires n’est pas assurée: elle prépare le terrain à des tensions économiques et politiques majeures.
L’efficacité de la rumeur est déjà visible. Le Qatar, prenant ces rumeurs au sérieux, a choisi de convertir une partie de ses avoirs en Égypte en investissements directs.
Doha a annoncé l’injection de 4 milliards de dollars dans le projet touristique Elem A-Rom, sur la côte méditerranéenne. Officiellement présenté comme une opportunité bilatérale, cet accord est surtout la preuve que la panique a poussé un bailleur à se protéger par une solution intermédiaire.
Ce précédent envoie un signal: si un pays riche et stratégiquement calculateur comme le Qatar a réagi ainsi, d’autres pourraient être tentés de suivre, accélérant encore la pression sur le système bancaire égyptien.
Le président Sissi se retrouve dans une position intenable: affaibli sur le plan économique, il doit accepter des solutions urgentes; en acceptant l’entrée massive de capitaux chinois, il expose les prérogatives économiques de l’armée; au final, il risque d’être pris entre l’expansion chinoise et le ressentiment de l’institution militaire, son principal pilier de pouvoir.
Riyad, embarrassé par une Égypte qui s’ouvre aux BRICS et qui se transforme en plateforme arrière de la Chine, pourrait trouver avantage à cette dynamique. En alimentant la rumeur et en se retirant partiellement, le royaume crée une double contrainte: pousser l’Égypte vers une dépendance accrue à la Chine ; provoquer tôt ou tard une confrontation entre Pékin et l’armée égyptienne; mettre Sissi en difficulté et réduire son autonomie stratégique.
La stratégie n’est pas de limiter la Chine, mais de l’encourager à s’implanter trop vite, trop fort, et sans contrôle, jusqu’à provoquer des tensions internes en Égypte. Ce scénario place Sissi face à une équation explosive: dépendance accrue à Pékin, colère de son armée, et vulnérabilité accrue face aux pressions de Riyad.
Une offensive médiatique pour perturber les alliés de l’Égypte
La stratégie saoudienne ne se limite pas au terrain économique. Riyad cherche aussi à perturber les alliances régionales de l’Égypte, en particulier avec l’Algérie, partenaire historique et stratégique.
La chaîne Al-Arabiya, qui ne fonctionne pas sans les orientations de Riyad, a récemment diffusé un extrait présenté comme une déclaration de Gamal Abdel Nasser, dans lequel le leader égyptien aurait minimisé l’aide décisive de l’Algérie à l’Égypte durant la guerre de 1967.
Tout porte à croire qu’il s’agit d’un montage, certains experts évoquent même un contenu fabriqué grâce à l’intelligence artificielle. Mais au-delà de l’authenticité du document, l’objectif est clair : semer le doute, créer la polémique et fissurer la relation bilatérale entre Alger et Le Caire, cimentée depuis les guerres arabes contre Israël.
Cette manœuvre médiatique illustre parfaitement la stratégie saoudienne : affaiblir l’Égypte non seulement par ses finances, mais aussi en fragilisant son cercle d’alliés traditionnels, pour la placer dans une position d’isolement et de dépendance accrue.
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