La version papier est accessible

Cliquer ici

Quand Alger obtient ce que personne n’avait osé demander à Moscou

Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, la Russie fait face à un isolement international sans précédent. Les sanctions économiques occidentales ont eu des répercussions directes sur l’industrie militaire russe, entraînant une rareté des pièces de rechange, des munitions et des services de maintenance.

Dans ce contexte, l’Algérie, dont l’armée dépend historiquement de l’armement russe, apparaissait comme l’un des partenaires les plus vulnérables de Moscou.

La situation aurait pu porter un coup sévère aux capacités opérationnelles de l’Armée nationale populaire (ANP). Mais l’Algérie a su transformer cette crise potentielle en une opportunité stratégique inédite. En anticipant les effets du blocus, Alger a d’abord considérablement augmenté son budget de défense, atteignant des niveaux records justifiés par un environnement sécuritaire régional de plus en plus instable : la menace terroriste persistante dans le Sahel, l’effondrement étatique en Libye, et surtout, les tensions croissantes avec le Maroc.

Ce dernier a en effet ouvert son territoire à plusieurs armées étrangères dans le cadre d’accords militaires, dont celui signé avec Israël. L’installation d’une coopération militaire active entre Rabat et Tel-Aviv, matérialisée par des transferts d’équipements et l’établissement de bases logistiques, est perçue à Alger comme un développement gravement déstabilisateur.

Face à ce nouveau paysage stratégique, les autorités algériennes ont opté pour une approche proactive. Plutôt que de subir la paralysie de son système d’armement, l’Algérie a engagé des discussions diplomatiques avec Moscou pour relocaliser une partie de l’industrie technologique militaire russe sur son sol. Cette démarche s’inscrit dans une logique de transfert de compétences et de souveraineté technologique.

Il ne s’agit plus seulement d’importer du matériel russe, mais de reproduire, maintenir et moderniser localement les systèmes hérités de l’ère soviétique. Certains analystes avancent même que des composants de l’aviation militaire de nouvelle génération seraient désormais partiellement fabriqués en Algérie, un jalon stratégique qui marque une montée en gamme décisive pour l’industrie de défense nationale.

Par ailleurs, il faut rappeler que le blocus n’a pas touché uniquement les pays clients de l’armement russe. Une partie de l’armement occidental, en particulier les systèmes conçus durant la guerre froide, intègre des technologies d’origine russe. L’impact du découplage technologique russo-occidental est donc global, affectant à la fois les chaînes d’approvisionnement et les programmes de modernisation de nombreuses armées.

La tournée du chef d’état-major algérien, le général Saïd Chengriha, dans plusieurs pays clés, semble avoir joué un rôle déterminant. Elle aurait contribué à faire évoluer la position russe, habituellement réticente au transfert de savoir-faire, en faveur d’un partenariat plus ouvert avec Alger.

En renonçant à certaines réserves stratégiques, Vladimir Poutine aurait ainsi opté pour une logique de survie industrielle, misant sur l’Algérie pour maintenir une présence de son complexe militaro-industriel sur la scène internationale.

Ce réalignement géostratégique confirme une tendance lourde: l’Algérie ne veut plus être un simple consommateur d’armement, mais un acteur autonome dans la production et la conception militaire. Cette ambition s’inscrit dans une vision plus large de sécurisation des frontières, d’indépendance stratégique et de souveraineté technologique.


Dossier

Cevital : la guerre de succession divise la famille Rebrab

Alger –Depuis la mise à l’écart d’Issad Rebrab, fondateur charismatique du groupe, une nouvelle génération s’installe aux commandes de Cevital.…

Cevital célèbre la famille pour rassurer sur l’avenir

C’est dans cet esprit que s’est tenu le « Family Day » organisé par le groupe Cevital à travers plusieurs de ses…

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page