Quand l’Algérie devient un “modèle” pour le Vatican

Alger — Dans un entretien accordé au quotidien public Horizons, l’évêque d’Alger, Mgr Jean-Paul Vesco, a salué la politique algérienne en matière de dialogue interreligieux, estimant qu’elle constitue « un modèle ». Il voit dans la rencontre, en juillet dernier, entre le président Abdelmadjid Tebboune et le pape Léo 14 au Vatican, un moment de bascule qui « a fait tomber de nombreuses barrières » et envoyé « un signal fort » quant au niveau de confiance entre Alger et le Saint-Siège.

Le prélat rappelle qu’aucun chef d’État algérien n’avait été reçu au Vatican depuis vingt ans, et que cette reprise de contact s’inscrit dans une dynamique déjà perceptible lors de la visite, en 2022, de Mgr Gallagher, responsable de la diplomatie du Saint-Siège, à l’occasion du cinquantenaire de l’établissement des relations diplomatiques.

Sur la question du vivre-ensemble, Mgr Vesco souligne que l’Algérie, pays à majorité musulmane, a historiquement réservé une place à ses minorités, en particulier chrétienne, invoquant à la fois l’héritage de saint Augustin et la décision du cardinal Duval d’encourager le maintien du clergé catholique après 1962, pour témoigner de la possibilité d’une cohabitation pacifique.

Interrogé sur la progression de l’islamophobie en Occident, il estime le phénomène bien réel, nourri par « la peur, l’ignorance et le repli », et considère que l’Algérie, héritière d’une histoire située à la jonction de l’Europe et du monde arabe, peut servir de « pont » entre ces espaces.

Abordant enfin la mémoire coloniale, l’évêque évoque une « blessure profonde » dont « le silence entretient les tensions » entre Alger et Paris. Il appelle à un travail de réconciliation des mémoires, non pour désigner des coupables, dit-il, mais pour « libérer les générations futures » de ce passif non traité.