Rodolphe Saadé en visite à Alger: une opération économique… et géopolitique

Alger – Le PDG de CMA CGM, Rodolphe Saadé, a atterri ce matin à Alger dans une discrétion remarquable. Il doit parapher dans les prochaines heures plusieurs accords stratégiques avec le gouvernement du président Abdelmadjid Tebboune, visant à relancer d’importants projets logistiques et portuaires dans le pays.

Ce retour en Algérie intervient après une visite annulée. Un incident que les autorités algériennes avaient dénoncé dans un communiqué officiel et avait qualifié de tentatives visant à entraver l’ancrage de la multinationale française dans le marché algérien.

Au-delà de la relance économique, cette visite permet à l’Algérie de marquer plusieurs points géopolitiques sensibles dans la compétition régionale et internationale:

1- inciter  la France à investir dans des projets de rendement stratégique élevé, rompant avec la logique des partenariats de façade ou de faible impact structurel.

En accueillant CMA CGM, Alger vise une implication plus sérieuse de Paris dans les filières créatrices de valeur.

2- Freiner la montée en puissance de certains partenaires asiatiques,  dont la présence logistique, a connu une forte expansion ces dernières années. L’arrivée d’un acteur occidental de poids permet à Alger de rééquilibrer son échiquier économique et de diversifier ses leviers de négociation.

3- Réduire l’influence croissante des ports marocains, notamment Tanger Med, en proposant une alternative crédible et compétitive sur la rive sud de la Méditerranée. Cette dynamique s’inscrit dans un cadre plus large de rivalité économique, déjà visible dans le dossier des phosphates, et qui s’étend désormais aux routes commerciales et au contrôle des flux africains.

Une revanche silencieuse?

En réussissant à faire revenir Rodolphe Saadé à Alger, les autorités algériennes signent une avancée diplomatique discrète mais significative. Cette démarche confirme leur capacité à attirer de grands groupes internationaux malgré les incertitudes régionales, et à façonner une nouvelle architecture logistique méditerranéenne où l’Algérie joue un rôle pivot.