Seifi: Restera-t-il un Premier ministre sous tutelle ou deviendra-t-il un «projet de président» en devenir ?

La confirmation de Seifi Ghrib comme Premier ministre s’inscrit dans une logique de continuité voulue par le président Abdelmadjid Tebboune. En reconduisant la quasi-totalité de l’équipe sortante, le chef de l’État a préféré miser sur la stabilité plutôt que sur une rupture. Cette décision offre à Seifi une position relativement confortable, puisqu’il n’a pas à composer avec les incertitudes d’une nouvelle équipe. Il hérite d’un gouvernement déjà rodé, dont les équilibres internes sont établis et dont les priorités sont déjà connues. Mais cette apparente aisance masque une réalité plus complexe: il devra s’imposer face à des ministres chevronnés, parfois considérés comme les «ministres du président», plus proches des cercles décisionnels que lui-même.
Si le maintien de l’ancienne formation offre à Seifi une base de travail stable, il place aussi le Premier ministre dans une équation politique délicate. D’un côté, sa nomination traduit un consensus réel au sein de certaines sphères très influentes, ce qui renforce sa légitimité. De l’autre, cette ascension pourrait irriter des cercles encore plus proches du président, peu enclins à voir émerger une figure capable de peser sur les arbitrages politiques. Dans ce contexte, Seifi doit à la fois démontrer sa loyauté envers Tebboune et affirmer progressivement son autonomie, en évitant d’apparaître comme une simple variable d’ajustement. La question de son autorité réelle sur un gouvernement façonné par le président demeure ainsi au cœur du défi.
L’avenir politique de Seifi Ghrib dépendra largement de sa capacité à gérer cet héritage. S’il parvient à tirer profit de la continuité pour asseoir son rôle de coordinateur et obtenir des résultats concrets sur les dossiers prioritaires, il pourrait s’imposer comme un acteur central du pouvoir exécutif. Mais à l’inverse, s’il échoue à imposer sa marque face aux «ministres du président», il risque de se retrouver cantonné à une fonction de représentation, sans réelle influence sur les grandes orientations politiques. La relation qu’il entretiendra avec Tebboune sera déterminante: elle dira si le Premier ministre devient un véritable partenaire dans la conduite de l’État ou s’il reste un exécutant dans une architecture où tout converge vers la présidence.
Dans sa première déclaration après la passation de pouvoir avec Nadir Larbaoui, Seifi a évoqué «la présidence du gouvernement», surprenant par ce lapsus révélateur d’ambitions politiques. À quelques mois des élections législatives, un scénario longtemps improbable commence à émerger: celui d’un passage du rôle de coordinateur à celui de chef de gouvernement pleinement légitime, à condition de pouvoir former une majorité parlementaire.
Ces élections pourraient redessiner la carte politique du pays et ouvrir prématurément la compétition pour la présidence, surtout que la Constitution limite strictement le nombre de mandats et interdit au président Tebboune de briguer un nouveau mandat. La trajectoire de Seifi Ghrib prend ainsi une dimension stratégique: restera-t-il un Premier ministre sous tutelle ou deviendra-t-il un « projet de président » en devenir?
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