Silence royal et chaos dans les rues: la succession de Mohammed VI au cœur des tensions

Alors que nous rédigeons ce rapport, de nouvelles images nous parviennent montrant de jeunes manifestants en train de s’attaquer à des biens publics, d’agresser des membres des forces de l’ordre, de dresser des barricades pour bloquer les véhicules de sécurité et d’allumer des incendies en plein milieu des rues. Ces scènes traduisent une escalade inquiétante du mouvement de contestation qui secoue le Maroc depuis plusieurs jours.

Pourtant, ce climat de tension extrême ne suscite toujours aucune réaction officielle de la part des plus hautes autorités du royaume, à commencer par le roi Mohammed VI. Ce silence contraste avec la couverture insistante de certains médias réputés proches du Makhzen, laissant penser que ces troubles ne sont pas perçus comme une simple flambée sociale, mais comme un élément d’un agenda politique plus large.

Selon plusieurs observateurs, cette flambée de violence pourrait servir de catalyseur pour préparer l’opinion publique à l’annonce de réformes politiques profondes. La rue, instrumentalisée, deviendrait ainsi un terrain d’expression des fractures existant au sommet de l’État. Le cœur de ces tensions résiderait dans la question sensible de la succession royale, sujet de vifs désaccords entre différentes factions proches du pouvoir.

Face à l’ampleur des violences et à l’impasse politique, le Maroc pourrait se voir contraint d’explorer des solutions inédites : une décentralisation accrue, voire l’introduction de mécanismes proches d’un système fédéral, afin de rassurer et d’unifier les pôles d’influence qui s’affrontent en coulisses.

En définitive, ce qui se joue aujourd’hui dans les rues marocaines dépasse la simple colère sociale. La brutalité des affrontements, les attaques contre les forces de sécurité et la mise à feu d’espaces publics révèlent la profondeur d’un conflit latent au sommet de l’État, où la bataille pour la préparation de l’après-Mohammed VI semble plus que jamais déterminante.