Téhéran menace de fermer le détroit d’Hormuz

TÉHÉRAN – Le détroit d’Hormuz, passage maritime étroit de 39 kilomètres de long et 33 kilomètres de large à son point le plus resserré, demeure un carrefour stratégique incontournable. Plus de 20 % du pétrole mondial y transite quotidiennement, soit environ 17 millions de barils. Une fermeture de ce corridor vital plongerait l’économie mondiale dans une crise énergétique majeure, affectant aussi bien les États exportateurs du Golfe que les grandes puissances importatrices.
La riposte iranienne : sanction économique et escalade régionale
L’Iran a confirmé ses menaces de fermer le détroit d’Hormuz en réaction à la récente attaque israélienne sur son territoire, qu’elle considère comme une agression majeure. Cette mesure est présentée par Téhéran comme une sanction économique ciblée visant les pays accusés de complicité, explicitement les Émirats arabes unis, Bahreïn, ainsi que de manière plus implicite l’Arabie saoudite. Ces États seraient pointés du doigt pour avoir facilité, directement ou indirectement, l’opération israélienne, notamment par des appuis logistiques ou l’autorisation d’accès aérien.
Les États-Unis, bien que jamais officiellement nommés, sont considérés par Téhéran comme les instigateurs stratégiques de cette offensive.
L’Algérie et Oman : médiateurs clés d’une crise en expansion
Face à cette montée des tensions, l’Algérie joue un rôle discret mais crucial dans la médiation entre Téhéran et Riyad, ainsi qu’entre l’Iran et le sultanat d’Oman. Fort de son image de puissance régionale indépendante, Alger pourrait se positionner comme un facilitateur essentiel pour contenir ce qui est désormais qualifié de “dérive iranienne dans le Golfe”. Cette expression illustre la crainte d’une extension incontrôlée des velléités iraniennes, susceptibles de déstabiliser toute la région.
Le sultanat d’Oman, acteur traditionnellement modéré, dispose d’un poids particulier dans ce contexte. Il entretient des liens historiques étroits avec les Émirats arabes unis, qui faisaient autrefois partie de son territoire jusqu’en 1971.
Dans le climat actuel, Oman pourrait proposer une reconfiguration régionale fondée sur un retour des Émirats vers un “ordre omanais”, qui se veut plus pragmatique et moins belliqueux.
Ce scénario traduit une vision où Oman agirait comme un pont entre les ambitions iraniennes et les intérêts des États du Golfe.
Les Émirats arabes unis : cible principale et enjeu géopolitique
Abu Dhabi se trouve au cœur de cette crise. Ses relations tendues avec Téhéran, amplifiées par des différends territoriaux et politiques, en font la cible prioritaire d’une potentielle fermeture du détroit. Ce contexte exacerbe la vulnérabilité des Émirats, alors même que ceux-ci sont engagés dans un processus d’alignement stratégique inédit, incluant notamment des accords de défense conjoints avec Israël.
Le basculement sécuritaire : Israël et le Golfe face à l’Iran
La montée des tensions pourrait activer les pactes de défense existants entre certains États du Golfe et Israël, marquant une rupture profonde dans les alliances régionales.
En l’absence d’un engagement militaire direct des États-Unis, qui préfèrent soutenir Israël sans s’impliquer dans une guerre ouverte avec l’Iran, Tel Aviv pourrait chercher à intégrer davantage les monarchies du Golfe dans l’effort de guerre.
Cette dynamique s’inscrit dans un projet plus vaste d’“Israël grandissant”, visant à sécuriser un accès privilégié aux ressources énergétiques du Golfe et à redessiner la carte stratégique du Moyen-Orient.
La Chine : un acteur énergétique majeur menacé
Au-delà du Moyen-Orient, la Chine est l’un des grands perdants potentiels de cette crise. Plus de 40 % de ses importations pétrolières passent par le détroit d’Hormuz. Une fermeture durable perturberait gravement son approvisionnement énergétique, déclenchant une crise interne susceptible de fragiliser son modèle économique.
Selon nos analyses, cette situation pourrait entraîner une recomposition du pouvoir en Chine, où le poids des élites technocratiques cèderait progressivement la place à une junte politico-militaire plus interventionniste. Ce changement pourrait accélérer la décision de Pékin d’intensifier ses actions militaires, notamment vis-à-vis de Taïwan, afin de consolider son image de puissance et détourner l’attention des tensions internes.
La Turquie et le Qatar : des acteurs secondaires aux ambitions renouvelées
Enfin, il convient de noter l’importance croissante de la Turquie et du Qatar dans ce jeu d’influences. Ces deux pays pourraient tirer parti de l’instabilité générée pour accroître leur contrôle régional. Le Qatar, en particulier, exploiterait le “bouc émissaire iranien” pour affaiblir ses rivaux du Golfe, en visant prioritairement les Émirats. Par une stratégie subtile, Doha chercherait à déstabiliser Abu Dhabi afin de le ramener dans l’orbite omanaise, renouant ainsi avec une configuration géopolitique régionale plus favorable à ses intérêts.
Cette crise au détroit d’Hormuz pourrait donc catalyser une recomposition profonde des alliances et des stratégies dans le Golfe et au-delà, avec des répercussions majeures sur l’économie mondiale, la sécurité régionale et l’équilibre des puissances.
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