Un pôle d’opposition avorté avant sa naissance

L’annonce du retrait de Sofiane Djilali de la présidence de Jil Jadid a créé la surprise dans le paysage politique algérien. Si l’intéressé présente sa décision comme un choix personnel, l’absence de lecture politique claire nourrit les interrogations: s’agit-il réellement d’une démarche individuelle, ou bien de la conséquence de pressions exercées par certaines sphères du pouvoir ?

La formation d’un triangle d’opposition réunissant Jil Jadid, le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), et le Parti des Travailleurs ne semblait pas en mesure de bouleverser la carte politique du Parlement. Mais une telle initiative aurait pu créer une dynamique imprévue: susciter une “fièvre des alliances” et pousser certains partis de la majorité à s’organiser en bloc parallèle, en miroir de l’opposition.

Le spectre d’un retour au « pôle présidentiel »

Dans un tel scénario, le pouvoir se serait retrouvé confronté à un paysage plus polarisé. Pour préserver son équilibre, il aurait pu être contraint de réactiver un schéma déjà éprouvé: celui du pôle présidentiel, formule qui avait permis au régime de Bouteflika de gouverner sans partage durant quatre mandats successifs.

Tout porte à croire que les autorités ont rapidement perçu ce risque. L’émergence d’un front d’opposition, même limité, pouvait être interprétée non pas comme une véritable menace, mais comme un levier indirect visant à pousser le pouvoir vers ce retour au consensus artificiel qu’incarnait le «pacte présidentiel».

Le retrait de Sofiane Djilali laisse derrière lui un goût amer: un profond sentiment d’impuissance au sein de l’opposition, incapable de concrétiser un pôle tripartite suffisamment fort pour peser dans la bataille des législatives. Mais c’est aussi un échec cuisant pour les cercles proches du président Tebboune, qui auraient été appelés à constituer en urgence un nouveau front présidentiel pour contrer ce bloc d’opposition.