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Alger, un tremplin vers les plus hautes responsabilités dans l’univers du renseignement.

Alger – Être ambassadeur en Algérie ne relève pas seulement de la diplomatie classique. Pour plusieurs capitales occidentales, le poste d’Alger est aussi, et surtout, un poste avancé de renseignement. Carrefour stratégique entre Méditerranée, Maghreb et Sahel, la capitale algérienne est un observatoire unique pour mesurer les équilibres politiques internes, surveiller les réseaux terroristes et sécuriser les approvisionnements énergétiques.

Sous couvert de fonctions consulaires et politiques, nombre de diplomates étrangers déployés en Algérie exercent en réalité une double casquette. Leur quotidien ne se limite pas aux réceptions officielles ou aux communiqués protocolaires. Ils scrutent l’évolution des rapports entre la présidence, l’armée et les élites économiques; ils entretiennent des liaisons discrètes avec les services algériens; ils rapportent, enfin, aux chancelleries de leurs pays des notes détaillées sur la situation sécuritaire et énergétique.

Ces pratiques relèvent d’une logique admise à l’échelle internationale: les ambassades servent traditionnellement de base aux officiers de renseignement opérant sous couverture diplomatique. Mais en Algérie, pays au poids géopolitique considérable, cette réalité prend une intensité particulière.

L’exemple le plus frappant reste celui du Français Bernard Bajolet. Nommé ambassadeur de France à Alger en 2006, il y restera deux ans avant de poursuivre sa carrière au Moyen-Orient… puis de prendre en 2013 la tête de la DGSE, le service de renseignement extérieur français. Sa nomination à Paris a confirmé, a posteriori, que sa mission algérienne n’avait rien d’anodin: il y testait ses capacités d’analyse et de négociation dans un environnement réputé opaque.

Presque vingt ans plus tard, le scénario s’est répété avec la Suisse. Serge Bavaud, nommé ambassadeur à Alger en juin 2025, a été rappelé dès septembre par le Conseil fédéral pour devenir, à compter de novembre, directeur du Service de renseignement de la Confédération (SRC). Le diplomate n’aura même pas eu le temps de présenter toutes ses lettres de créance que déjà, Berne voyait en lui l’homme de la situation pour diriger son appareil sécuritaire.

Pourquoi Alger attire-t-elle ces profils hybrides, entre diplomates et renseignement?

D’abord parce que l’Algérie joue un rôle central dans la lutte contre le terrorisme sahélien et contrôle un immense territoire frontalier de zones instables (Mali, Niger, Libye).

Ensuite parce que le pays demeure un fournisseur crucial de gaz pour l’Europe, ce qui en fait une cible de premier ordre pour les services de renseignement économiques.

Cette imbrication entre diplomatie et renseignement se traduit parfois par des tensions visibles. Plusieurs incidents ont opposé Alger à Paris, notamment des accusations d’«activités hostiles» menées par des agents sous couverture diplomatique. Dans d’autres cas, l’Algérie a officiellement rappelé à l’ordre certaines chancelleries accusées d’ingérence. Ces épisodes illustrent le caractère sensible d’un poste où la frontière entre mission officielle et activités de renseignement est particulièrement mince.

À Alger, l’ambassade est bien plus qu’un bâtiment protocolaire: c’est un avant-poste stratégique, un observatoire du Sahel et un guichet d’information sur un acteur énergétique majeur. Les carrières de Bernard Bajolet et de Serge Bavaud en témoignent: la capitale algérienne n’est pas seulement une étape diplomatique, mais un tremplin vers les plus hautes responsabilités dans l’univers du renseignement.

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