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Égypte–Algérie : diplomatie du gaz et lutte d’influence autour de la Chine

LE CAIRE – Alors que l’Égypte traverse sa pire crise énergétique depuis une décennie, marquée par la baisse continue de sa production gazière et la perspective d’un reflux des flux israéliens, Le Caire accélère sa diplomatie énergétique.

Face à l’urgence, l’Algérie apparaît comme un partenaire-clé pour combler le déficit en gaz naturel liquéfié (GNL).

Des pourparlers techniques auraient été engagés avec Sonatrach, sur fond de besoins pressants en approvisionnements à court et moyen terme. Pour l’Égypte, l’option algérienne présente un double intérêt: garantir des livraisons régulières avant le pic de consommation estivale, tout en diversifiant ses sources d’importation dans un contexte régional volatil.

En plus de devoir gérer un endettement extérieur devenu étouffant, le président Abdel Fattah al-Sissi se voit désormais contraint de faire face à une crise encore plus immédiate: l’asphyxie énergétique d’un pays de plus de 100 millions d’habitants, dont l’économie peine à maintenir sa stabilité.

Cette crise rappelle, dans une certaine mesure, celle qu’a connue la Slovénie à l’hiver 2022-2023.

À l’époque, Ljubljana avait pu éviter la rupture grâce à un accord stratégique avec l’Algérie, basé sur une logique de troc énergétique: du gaz algérien contre de la technologie européenne. Une formule que l’Algérie semble vouloir développer dans sa stratégie de « souveraineté symétrique ».

Dès lors, une question fondamentale se pose: si Alger accepte d’aider Le Caire à surmonter son étranglement énergétique, que pourrait lui offrir l’Égypte en retour ?

Contrairement à la Slovénie, l’Égypte ne peut proposer ni transfert technologique ni savoir-faire industriel de pointe. Son apport potentiel se situerait donc ailleurs, dans le champ diplomatique, soutien aux positions algériennes en Afrique ou au sein de la Ligue arabe, dans l’accès aux marchés du Proche-Orient, ou encore dans la coopération sécuritaire au Sahel et en Libye.

Dans ce jeu d’équilibres mouvants, un autre paramètre s’invite discrètement à la table : la rivalité implicite entre l’Algérie et l’Égypte pour incarner la future plateforme africaine des ambitions chinoises. Si Alger mise sur un cadre de souveraineté rigoureuse dans ses échanges avec Pékin, Le Caire adopte une approche plus souple, attirant massivement les capitaux chinois dans la zone du canal de Suez. À l’heure où une confrontation sino-occidentale autour de Taïwan semble de plus en plus probable, l’Égypte se positionne comme une porte de sortie logistique et diplomatique pour Pékin, là où l’Algérie impose encore ses conditions.

Ce dilemme rend les discussions plus complexes qu’un simple accord de fourniture. Car Alger, aujourd’hui en position de force, entend faire de chaque partenariat énergétique un levier stratégique. Et Le Caire, en quête de souffle, devra composer avec cette nouvelle donne.

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