La Chine attaquée au Sahel: tournant stratégique ou simple avertissement ?

Dans toute la bande sahélienne, une stratégie bien rodée des groupes jihadistes se déploie : encercler les villes, perturber les axes routiers, isoler les populations, puis étendre leur influence par la terreur.

Des localités comme Souleye au Mali, Diapaga au Burkina Faso tombée récemment, ou encore Djibou au Niger, encerclée malgré ses 300 000 habitants, illustrent cette méthode d’usure progressive. Ces mouvements visent à effacer toute présence de l’État, tout en créant des zones grises hors de tout contrôle institutionnel.

Cette dynamique a franchi un nouveau cap avec l’attaque, fin mai, contre une entreprise chinoise installée à Kayes, à la frontière entre le Mali et le Sénégal. Pour la première fois, une infrastructure économique étrangère, pourtant jugée neutre et non occidentale, devient une cible directe.

Ce signal est fort : les groupes armés ne se contentent plus de combattre les armées locales, ils veulent désormais perturber l’architecture économique régionale، y compris les investissements chinois considérés jusque-là comme inaccessibles.

Alors que les drones kamikazes apparaissent pour la première fois dans leurs opérations، comme à Eknewan au Niger, que le Burkina Faso devient une base arrière logistique de l’expansion jihadiste vers le Togo, le Bénin et le Nigeria, et que les analystes s’interrogent sur l’étrange préservation d’États comme la Côte d’Ivoire et le Ghana, un fait devient évident : les groupes terroristes modifient leurs priorités. Désormais, l’objectif ne se limite plus au territoire، il touche l’économie, les corridors commerciaux, et les partenaires étrangers. La Chine, silencieuse mais fortement implantée, est bien devenir la ligne de front d’un conflit de plus en plus internationales.