Cevital : la guerre de succession divise la famille Rebrab
L’empire Cevital, longtemps présenté comme le fleuron du capitalisme familial algérien, traverse une crise interne majeure. Au cœur de cette tourmente: une bataille silencieuse mais implacable pour le contrôle du groupe, opposant deux camps bien distincts au sein même de la famille fondatrice.

Alger –Depuis la mise à l’écart d’Issad Rebrab, fondateur charismatique du groupe, une nouvelle génération s’installe aux commandes de Cevital. Malik Rebrab, l’un des fils cadets, a réussi à s’imposer comme figure centrale du management opérationnel. Entouré de ses frères Yassine et Salim, ainsi que de sa sœur Lynda, Malik bénéficie aujourd’hui du soutien tacite, mais décisif, de certains cercles.
Cette nouvelle équipe dirigeante a pris la main sur la gestion quotidienne du groupe, au prix d’une marginalisation progressive du père fondateur et de son fils aîné.
Issad et Omar, la majorité du capital sans le pouvoir
Issad Rebrab, aujourd’hui âgé et affaibli, conserve pourtant, avec son fils Omar, la majorité des parts sociales de Cevital (51%). Mais leur autorité sur l’appareil décisionnel semble désormais symbolique. Selon plusieurs sources internes, leurs avis sont de moins en moins pris en compte, relégués au second plan dans les grandes orientations stratégiques.
Le duo Issad-Omar constitue ainsi le pôle minoré, opposé à la dynamique modernisatrice et recentrée sur l’axe Malik. Cette fracture capitalistique sans effet exécutif crée une situation instable, où la détention des actions ne garantit plus l’accès au pouvoir réel.
Le bras de fer familial a déjà eu des conséquences visibles: remaniement des équipes dirigeantes, gel de certaines décisions d’investissement, révisions discrètes de l’organigramme.
Officiellement, la direction se veut rassurante, insistant sur la “continuité de la vision entrepreneuriale d’Issad Rebrab”. En coulisses, pourtant, les tensions sont vives, dans un contexte où l’État recompose son rapport avec les élites économiques.
Au-delà d’un simple conflit générationnel, ce qui se joue chez Cevital est peut-être le symbole d’une nouvelle ère économique en Algérie, où le poids historique des pionniers du secteur privé cède peu à peu la place à une nouvelle configuration alliant jeunesse familiale, loyauté au pouvoir, et repositionnement stratégique.
Mais l’issue de cette recomposition reste incertaine. Si Malik semble avoir gagné la première manche, Issad et Omar conservent, encore peut être, des cartes entre leurs mains. Dans cette partie serrée, la question n’est plus seulement de savoir qui possède Cevital, mais qui en tient réellement les rênes.
Avant la fracture : Cevital, moteur industriel et symbole du capitalisme national
Avant que les luttes de pouvoir ne s’invitent dans les couloirs de son siège, Cevital incarnait l’exemple parfait de la réussite entrepreneuriale en Algérie. Fondé en 1998 par Issad Rebrab, le groupe s’est rapidement imposé comme un acteur économique incontournable, opérant dans l’agroalimentaire, la grande distribution, l’industrie lourde, la sidérurgie, la logistique portuaire, ou encore l’électroménager à travers sa filiale Brandt.
À son apogée, Cevital représentait à lui seul plus de 18000 emplois directs, une capacité d’exportation considérable, et des ambitions clairement affichées à l’international, notamment en France, en Italie et en Allemagne. L’entreprise portait une vision industrielle ambitieuse, fondée sur la diversification, l’investissement massif et l’indépendance stratégique vis-à-vis des hydrocarbures, dans un pays où l’économie est largement dominée par la rente pétrolière.
Le modèle Cevital reposait également sur une intégration verticale rare dans le tissu industriel algérien, allant de l’importation des matières premières à leur transformation locale et à l’exportation des produits finis. Cette chaîne complète lui avait permis de sécuriser sa compétitivité et de résister à des périodes de forte instabilité monétaire et réglementaire.
Dans l’agroalimentaire, ses raffineries d’huile et de sucre figuraient parmi les plus importantes du bassin méditerranéen, tandis que ses projets dans la sidérurgie (Laminoir de Béjaïa) et le traitement de l’eau (EvCon en Europe) annonçaient une volonté de s’inscrire dans des secteurs d’avenir à forte valeur ajoutée.
Un partenaire stratégique de l’État
Malgré une relation parfois tendue avec l’État, notamment sous les gouvernements précédents, Cevital restait un allié économique objectif du pays, notamment en matière de sécurité alimentaire, de réduction de la facture d’importation, et de développement régional.
Béjaïa et sa région ont largement bénéficié des investissements du groupe, devenant un pôle industriel dynamique dans un pays encore marqué par quelques déséquilibres territoriaux.
Aujourd’hui, cette colonne vertébrale du secteur privé algérien est fragilisée par ses propres divisions internes. La mutation en cours pose une question cruciale: le groupe pourra-t-il préserver son rôle moteur et son autonomie stratégique, ou sera-t-il absorbé par des logiques de repositionnement et de recomposition familiale ?
Le 5 mai 2025, Cevital a démontré sa résilience institutionnelle en signant avec Sonelgaz un accord de partenariat pour le lancement d’un vaste projet agro-industriel à Ghardaïa, centré sur la culture de la betterave sucrière. Objectif affiché: réduire la dépendance de l’Algérie aux importations de sucre et renforcer l’agriculture durable dans les zones sahariennes.
Lors d’une réunion à Alger, Malik Rebrab, aujourd’hui aux commandes opérationnelles du groupe, et Mourad Adjal, PDG de Sonelgaz, ont acté les conditions techniques du raccordement en gaz et en électricité des futures infrastructures agricoles. Ce projet s’inscrit dans une stratégie nationale de souveraineté alimentaire, avec un engagement public fort pour soutenir l’investissement privé structurant.
Selon Sonelgaz, des procédures exceptionnelles seront mises en œuvre pour garantir un lancement rapide et maîtrisé du projet, avec une réduction des coûts pour Cevital et un accompagnement technique sur le long terme.
Malgré ces turbulences, l’État continue de miser sur Cevital pour des projets à haute valeur ajoutée, notamment dans l’agriculture et l’agroalimentaire. La coopération avec Sonelgaz à Ghardaïa en est l’illustration.
Des ambitions intactes… mais une santé économique fragilisée
Si la signature de ce partenariat montre que la coopération État-Cevital demeure intacte, elle ne masque pas la dégradation des fondamentaux économiques du groupe.
D’après une enquête publiée par Jeune Afrique, le chiffre d’affaires de Cevital est passé de 2 milliards d’euros en 2022 à 1,2 milliard en 2024, soit une baisse de 40 % en deux ans. Un recul préoccupant, survenu malgré la levée des blocages qui avaient pesé sur le groupe sous la présidence de Bouteflika.
Dossier
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Fondatrice de quoi ???? On croirais que c’est la famille Édouard Leclerc ou Mulliez et son groupe Auchan…….
Rebrab n’est fondateur de rien du tout ,il était comptable au port d’alger ds les années 90 .
Cevital c’était l’entreprise Nationale a l’époque SOGEDIA et au moment du terrorisme/corruption et de la privatisation sauvage le général Toufik a remis les clés de l’entreprise a son ami Rebrab voilà comment il est devenu milliardaire « surtout dans un pays ou il n’y avait pas de grands groupes alimentaires ».
Donc fondateur de rien du tout !!!! D’ailleurs tout les agents du DRS en retraites sont automatiquement recyclés a Cevital avec un salaire de 8 millions/Mois.
Donc ils se battent pour quelque chose qui ne leurs appartient pas.