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Derrière la trêve, la guerre : l’ombre d’Israël sur les monarchies du Golfe 

Les récentes frappes américaines contre les installations nucléaires iraniennes, loin de neutraliser complètement le programme atomique de Téhéran, ont laissé place à une zone d’ombre stratégique. Certaines bombes n’ayant même pas explosé, l’opération semble davantage marquée par la retenue que par la volonté d’anéantissement.

Ce choix de la demi-mesure, loin d’être un échec opérationnel, semble répondre à une logique délibérée : maintenir la menace iranienne à un niveau suffisant pour en faire un levier d’ingénierie géopolitique dans le Golfe. En ravivant l’insécurité sans provoquer un conflit total, Washington favorise un climat où les États du Golfe se trouvent poussés à formaliser des alliances régionales – notamment avec Israël – sous parrainage américain.

Ce modèle rappelle celui de la première guerre du Golfe : les États-Unis, en 1991, s’étaient arrêtés à la libération du Koweït, laissant Saddam Hussein en place. Le maintien d’un ennemi a servi de justification à une présence militaire prolongée dans la région. Aujourd’hui, l’Iran endosse un rôle similaire, réactivant un besoin de sécurité que Washington prétend combler, tout en s’en retirant progressivement.

La « trêve » actuelle entre l’Iran et Israël s’apparente moins à une désescalade qu’à une pause tactique. Elle permet à Washington de réorganiser le théâtre régional, tout en projetant à l’international une image de modération. Cette posture vise notamment la Chine, à qui les États-Unis tentent de présenter leur retrait comme une ouverture au dialogue, dissimulant ainsi leur incapacité  d’aller jusqu’à l’affrontement direct.

Donald Trump incarne parfaitement cette stratégie de double langage. Tout en durcissant la pression sur les pays du Golfe pour un rapprochement avec Israël, il laisse ouverte la possibilité d’un dialogue avec Téhéran. Ce jeu d’équilibriste, entre menace contenue et diplomatie conditionnelle, masque une réalité plus complexe: l’Amérique préfère éviter l’enlisement, tout en délégant la confrontation à des partenaires régionaux plus exposés.

Ce transfert du rôle de gendarme régional vers Israël est au cœur d’une nouvelle architecture sécuritaire. Dans ce contexte, Israël ne se présente pas seulement comme rempart contre l’Iran, mais comme acteur pivot de la recomposition stratégique au Moyen-Orient. Pour les monarchies du Golfe, longtemps dépendantes du parapluie militaire américain, une alliance formelle avec Tel-Aviv devient une option de plus en plus inévitable, malgré son impopularité.

La peur de l’Iran devient ainsi un catalyseur utile, transformant les accords d’Abraham en socle d’une coalition défensive implicite. En se retirant, les États-Unis créent un vide que seul Israël peut combler, à la fois technologiquement, militairement et diplomatiquement. Cette dynamique convertit un rapprochement tactique en nécessité stratégique.

Mais cette logique ne convainc pas totalement les partenaires arabes. Pour Riyad, Abou Dhabi ou Manama, la « mission accomplie » américaine reste un mirage tant que le régime iranien conserve son réseau de milices et ses capacités nucléaires. Dans les chancelleries du Golfe, le sentiment d’abandon se double d’une inquiétude: celle d’être poussées à une intégration précipitée avec Israël, perçue comme une trahison du consensus arabe traditionnel.

Les réticences ne sont pas uniquement diplomatiques. Dans les sociétés du Golfe, l’idée d’une alliance ouverte avec Israël heurte encore profondément les imaginaires collectifs. Le soutien à la cause palestinienne, ancré dans l’éducation, la religion et les récits nationaux, entre en collision frontale avec cette recomposition sécuritaire. Les régimes doivent donc concilier l’impératif stratégique avec une opinion publique sceptique, voire hostile.

En Arabie saoudite, cette tension est particulièrement palpable. Les autorités y avancent prudemment, préférant laisser aux Émirats et à Bahreïn le rôle de pionniers. Mais les risques sont réels : à Bahreïn, notamment, la minorité chiite perçoit ce rapprochement avec Israël comme une provocation, exacerbant des clivages internes déjà profonds.

La situation devient plus périlleuse encore si l’alliance sécuritaire s’expose ouvertement, notamment à travers des formes de coopération militaire ou de renseignement avec Israël. De nombreux rapports évoquent déjà des échanges sensibles entre Tsahal et certains États du Golfe. Si ces liens, jusqu’ici couverts par la discrétion diplomatique, devenaient publics, cela pourrait provoquer un retour de flamme violent, notamment dans le contexte tendu de Gaza.

Un scénario d’échec militaire israélien face à l’Iran ou de revers politique face aux palestiniens aurait des effets dévastateurs. Il saperait la crédibilité de Tel-Aviv comme garant de sécurité régionale, tout en exposant ses alliés arabes à une double vulnérabilité: la colère de leurs peuples et la riposte de Téhéran.

Dans cette configuration, le pari sur Israël pourrait se retourner contre les régimes du Golfe. L’histoire de la région montre que l’alignement sur une puissance en déclin ou en difficulté peut précipiter des chutes politiques inattendues. Ce ne serait plus seulement une crise militaire ou diplomatique, mais un effondrement moral et stratégique du camp dit «modéré».

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Un commentaire

  1. Nouari a raison et je pense que c’est pour cette raison que Natanyahu a sollicité une entrevue avec Trump « je pense qu’il s’en est rendu compte car la ficelle est grosse » la société civile israélienne va lui exploser au visage ,vu qu’il n’a atteint aucun but a part celui de la destruction et des morts partout ou il est passer.

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