Iran : un site nucléaire secret plus profond que Fordow inquiète les États-Unis

Plus vaste et plus profondément enfouie que les installations connues de Fordow et Natanz, cette structure pourrait représenter une nouvelle étape dans la stratégie clandestine de Téhéran, à l’heure où les tensions régionales sont de nouveau exacerbées.

Une base souterraine hors normes
D’après le New York Times, les travaux de construction auraient débuté vers 2022, sans que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) n’ait été informée. Les images satellites de Maxar Technologies, analysées par des spécialistes du « Institute for Science and International Security (ISIS) », montrent un réseau complexe de tunnels profonds, avec quatre entrées principales, ce qui dépasse les capacités de sites comme Fordow.

Analyse de l’image satellite
Une image captée en 2024, montre une structure à quadrillage régulier, interprétée par les experts comme l’indice d’un système de puits verticaux ou galeries techniques conduisant à des installations souterraines. Autour de cette zone, plusieurs bermes de terre, positions circulaires défensives, et routes d’accès fortifiées témoignent du caractère stratégique et protégé du site. Un chantier actif est visible, avec des modules préfabriqués, des véhicules et des équipements lourds, suggérant une phase de construction avancée mais encore non opérationnelle. La profondeur estimée, combinée à l’isolement du site dans le désert de Semnan, renforce l’hypothèse d’un complexe destiné à échapper aux frappes conventionnelles, notamment aux bombes GBU-57.

Cette révélation intervient dans un climat extrêmement tendu. En juin 2025, une série d’attaques coordonnées a visé les installations stratégiques de Fordow, Natanz et Ispahan. Selon Al Jazeera, les États-Unis auraient utilisé 14 bombes GBU-57 pour frapper Fordow, provoquant d’importants dégâts. Israël aurait, de son côté, mené des frappes contre Natanz, détruisant les installations en surface.

Fordow, situé à 30 km de Qom et enfoui à 80–90 mètres sous terre, abrite jusqu’à 3000 centrifugeuses. Natanz, centre névralgique du programme nucléaire iranien, peut en accueillir jusqu’à 50000. Ces attaques auraient conduit l’Iran à relocaliser certains stocks d’uranium et à accélérer la mise en place de sites alternatifs plus sûrs, comme celui de Semnan.

Le Washington Post avance que l’installation de Semnan pourrait s’inscrire dans un programme parallèle lancé après le retrait unilatéral des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA) en 2018. Le site bénéficierait d’une protection renforcée, avec notamment des systèmes de défense aérienne comparables au S-300 russe, déployés autour de Fordow dès 2016.

Cette stratégie de cloisonnement, associée à des restrictions d’accès imposées à l’AIEA, rend le suivi du programme iranien de plus en plus difficile. Reuters rappelle qu’en 2023, l’AIEA avait déjà découvert des traces d’uranium enrichi à 83,7 % à Fordow, un seuil techniquement très proche du niveau requis pour la fabrication d’armes nucléaires.

Téhéran continue de nier toute dimension militaire de son programme nucléaire, réaffirmant son attachement au développement d’une énergie pacifique. Mais le silence persistant autour de Semnan, couplé au renforcement militaire dans la région, alimente les spéculations.

Selon la BBC, les récentes activités observées, notamment le déploiement de nouveaux radars et systèmes anti-aériens, confirment l’importance stratégique de cette base. La communauté internationale, déjà divisée sur la gestion du dossier iranien, pourrait voir dans cette révélation un élément déclencheur d’un durcissement diplomatique, voire militaire, notamment de la part d’Israël et des États-Unis, pour qui la ligne rouge semble désormais franchie.