La dette invisible: Pékin finance, investit… et contrôle

LE CAIRE – Alors que les travaux de la nouvelle capitale administrative d’Égypte avancent à grande vitesse dans le désert à l’est du Caire, une question persiste: qui finance ce méga-projet estimé à plusieurs milliards de dollars ?
Si les autorités égyptiennes affirment que le budget de l’État n’est pas sollicité, le rôle de la Chine, à travers un financement dit « préférentiel », s’impose de plus en plus comme une pièce maîtresse du puzzle.
Selon des sources officielles, une part significative de la zone des affaires de la nouvelle capitale, notamment le plus haut gratte-ciel d’Afrique en construction, est financée par un prêt chinois de près de 3 milliards de dollars. Ce prêt a été accordé à des conditions avantageuses, à condition que les travaux soient réalisés exclusivement par la société chinoise CSCEC, un géant public du bâtiment.
Ce type de financement, connu sous le nom de financement préférentiel, constitue l’un des leviers stratégiques de la politique étrangère chinoise. Il permet à Pékin de proposer des prêts à faible taux d’intérêt en échange de contrats attribués à ses entreprises nationales, renforçant ainsi son influence dans les pays partenaires sans passer par les circuits classiques des institutions financières internationales.
Outre l’Égypte, ce modèle a déjà été appliqué dans plusieurs pays africains et asiatiques. Au Kenya, il a permis la construction de la ligne ferroviaire Nairobi-Mombasa. Au Sri Lanka, l’incapacité de remboursement a conduit à la cession d’un port stratégique à la Chine pour une durée de 99 ans.
Pour Pékin, l’enjeu est double : soutenir son économie intérieure en exportant le savoir-faire de ses entreprises publiques et étendre son influence géopolitique de manière discrète mais durable. Pour les pays bénéficiaires, ces financements offrent des solutions rapides pour concrétiser des projets d’envergure, au prix toutefois d’une dépendance financière croissante.
La nouvelle capitale égyptienne, prévue pour accueillir les institutions étatiques, les ministères et les ambassades, devient ainsi un nouveau point d’ancrage de la stratégie chinoise en Afrique du Nord, dans le sillage de l’Initiative des Nouvelles Routes de la Soie.
Une dette déguisée en investissement stratégique
Contrairement aux prêts classiques libellés en devises sensibles aux fluctuations du marché mondial, les financements chinois se présentent souvent comme des investissements directs dans des projets tangibles que Pékin contrôle partiellement. Cette approche permet à la Chine de protéger ses créances internationales contre les risques systémiques tels que l’effondrement des monnaies ou une crise de la dette mondiale.
En d’autres termes, la Chine ne prête pas simplement de l’argent: elle achète une part d’avenir, à travers des infrastructures, des ports, des réseaux ferroviaires ou, comme en Égypte, une capitale entière. Ce modèle assure à Pékin une résilience financière unique, car même en cas de désintégration du système monétaire global, ses « créances » prennent la forme d’actifs physiques et stratégiques, difficilement effaçables.
Ainsi, la nouvelle capitale administrative égyptienne s’inscrit dans un schéma plus large où la Chine transforme sa puissance financière en influence durable, avec des prêts qui ne sont pas de simples dettes, mais des leviers de souveraineté partagée.
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