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Somalie : la scène d’un bras de fer militaire et diplomatique entre Égypte et Éthiopie

Selon plusieurs sources régionales, l’Égypte s’apprêterait à envoyer un contingent militaire en Somalie, officiellement dans le cadre de la mission de maintien de la paix de l’Union africaine (AUSSOM). L’objectif affiché est clair : renforcer la lutte contre l’insurrection d’Al-Shabaab, le groupe djihadiste affilié à Al-Qaïda qui ensanglante le pays depuis près de vingt ans.

Mais derrière cette façade sécuritaire se cache un enjeu autrement plus stratégique. Pour de nombreux observateurs, ce déploiement offre au Caire une opportunité d’installer une tête de pont militaire en Afrique de l’Est, au plus près de son rival historique : l’Éthiopie.

Une délégation militaire égyptienne, conduite par le général Islam Radwan, a récemment effectué une mission d’évaluation en Somalie. Les officiers égyptiens ont inspecté plusieurs sites susceptibles d’accueillir leurs troupes : Balad, Johar, Burani et Mahaday, actuellement tenues par des soldats burundais, mais aussi la base aérienne stratégique d’Aldogel, où les Américains opèrent leurs drones.
Le gouvernement fédéral somalien, désireux de diversifier ses soutiens, a confirmé sa disponibilité à accueillir les forces égyptiennes. Il s’agirait de la première contribution directe du Caire à la mission africaine.

Les inquiétudes d’Addis-Abeba
À Addis-Abeba, l’initiative est perçue comme une provocation. L’ambassadeur éthiopien à Mogadiscio, Suleiman Dedepo, a publiquement dénoncé ce projet, estimant qu’il risquait de nourrir les rivalités régionales au lieu de stabiliser la Somalie.
Ces inquiétudes s’expliquent par le contentieux persistant autour du Grand barrage de la Renaissance. Pour l’Égypte, ce méga-projet éthiopien sur le Nil Bleu menace directement sa sécurité hydrique. D’après des sources  médiatiques israéliennes, Le Caire envisagerait même de transformer ses futures bases somaliennes en «rampes de lancement» potentielles, au cas où une baisse drastique du niveau du fleuve imposerait une option militaire.

Ni l’Union africaine ni les autorités somaliennes n’ont commenté officiellement les réserves éthiopiennes. Mais en coulisses, plusieurs sources confirment l’existence de discussions sensibles entre les pays contributeurs de troupes déjà présents, Éthiopie, Kenya, Djibouti, Ouganda.
Le projet égyptien divise également la scène somalienne: si Mogadiscio y voit un gage de soutien militaire, certains États fédérés alliés à Addis-Abeba, comme le Jubaland ou le Sud-Ouest, affichent une franche hostilité à l’arrivée de soldats du Caire.

L’Éthiopie a organisé une cérémonie officielle pour marquer l’achèvement du Grand barrage de la Renaissance (GERD), présenté comme le plus grand ouvrage hydroélectrique d’Afrique. Les autorités d’Addis-Abeba parlent d’un « moment historique », symbole de souveraineté nationale et de fierté collective.

Le Premier ministre Abiy Ahmed a salué « l’unité du peuple éthiopien » autour de ce projet lancé en 2011 et qui, malgré les tensions régionales, permettra au pays de couvrir une grande partie de ses besoins en électricité et d’exporter de l’énergie vers ses voisins.

Au-delà de la lutte contre Al-Shabaab, l’initiative égyptienne illustre une fois de plus comment la question hydrique autour du Nil se mue en rivalité militaire. La Somalie pourrait bien devenir le nouveau terrain d’expression de ce bras de fer stratégique entre Le Caire et Addis-Abeba.

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